jeudi 31 décembre 2009

10) Carnet de voyage. La ville du ciel

À la gare du sud un autobus partait pour Hangzhou, trente minutes plus tard. À l’intérieur, un téléviseur diffusait des clips musicaux en boucle, ce n’était pas le genre de musique que j’affectionnais : une variété de chansons à l’eau de rose ! Ces complaintes étaient à la mode à la télévision et les adolescentes les reprenaient en chœur. Le bus était confortable, cela nous importait plus et il suffisait de regarder par la fenêtre pour vite oublier ces miséreuses rengaines. Sur l’autoroute, les autocars et les camions roulaient beaucoup plus nombreux que les voitures, comme si ces dernières ne circulaient qu’en ville. Je me demandais bien ce que faisaient des piétons marchant sur la bande-d’arrêt-d’urgence, et je compris lorsque notre bus s’arrêta sur le bord de l’autoroute, non loin d’un village, et que des passagers descendirent inconscients de leur vingt-minutes-de-survie , la pratique semblait courante…

Nous débarquâmes après deux heures de trajet sans encombre, un thermomètre à la gare routière indiquait trente-neuf degrés. Nous n’avions pas l’adresse de l’auberge en chinois mais en anglais seulement et heureusement son numéro de téléphone. Les premières personnes qui voulurent nous aider étaient trois, ils semblaient former un groupe et ils attendaient… le pigeon probablement. Il ne connaissait pas l’adresse où nous nous rendions et demandèrent autour d’eux, mais personne ne semblait voir où se trouvait la rue Hu Puo. Clément n’arrivait pas à joindre l’auberge avec son portable et l’un des trois types nous dirigea vers un guichet d’information de la gare. L’hôtesse n’eût aucun mal à contacter l’auberge et nous expliqua où se trouvait l’arrêt pour prendre le bus et nous écrivit le nom de celui où il fallait que nous descendions. Les trois types dégoûtés de nous voir prendre ce moyen de transport, jouant leur va-tout, proposèrent de nous trouver un taxi pour deux cents kais. (Le trajet en bus coûtait trois kais chacun et nous apprendrons plus tard que le taxi aurait coûté quinze kais. en tout) Devant notre refus catégorique, nos trois compères renards nous abandonnèrent.
Nous étions dans la bonne direction, je trouvais qu’à Hangzhou les voitures roulaient plus nombreuses que dans les deux villes précédentes, diminuant d’autant le nombre des deux-roues, aussi nous circulions dans les bouchons. Thomas, après s’en être assuré près d’une voyageuse, nous indiqua que nous étions arrivés.
Nous nous trouvions près d’un lac, dans une sorte de Paradis céleste. Je pensai à Marco Polo qui s’exclamait, à la fin du XIIIème siècle, que Hangzhou était la ville du ciel, la plus belle ville du monde. On nous indiqua l’auberge en haut d’une colline. Nous fûmes récompensés de nos efforts de la pénible montée par l’accueil du somptueux jardinet d’abord, par le bar climatisé ensuite et enfin par l’accueil chaleureux du couple derrière le comptoir. Les réceptionnistes ne trouvaient pas notre réservation et le numéro de celle-ci ne correspondait à rien. Nous insistions car je n’avais réservé que pour le lendemain. En fait, nous avions atterri à « 4 eyes hostel» et non pas à « Emerald hostel » nos yeux aveuglés par l’émeraude ou plus simplement celle qui nous avait renseignés, en bas de la côte, n’était pas la bonne personne. Après une pinte rafraîchissante et le souhait des tenanciers de nous revoir chez eux, nous redescendîmes et cette fois « le bon indicateur » passait là, une indigène quadragénaire, elle appela la réception de l’auberge sur son GSM et c’est le patron, en personne, qui vînt à notre rencontre.
L’auberge était constituée de plusieurs bâtiments autour d’une terrasse agréable, ombragée par des parasols ; un petit ruisseau abritait quelques anoures amoureux qui concouraient, la nuit, aux plus beaux coassements. Je préférais, c’est certain, leurs cris aux chansons du bus .


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