lundi 22 février 2010

14) Carnet de voyage. Jiuhuashan 九华山, un paradis bouddhique.

Thomas et Clément réservèrent les billets de bus pour Jiuhuashan, pour le lendemain, par l’intermédiaire de l’hôtel, pendant que je luttais contre la fièvre dans mon lit. C'était l’un des avantages de voyager à plusieurs, lorsque l’un des membres était kaputt les autres pouvaient prendre le relais.
J’allais mieux le matin suivant. La réceptionniste nous remit les billets et nous montâmes dans un autocar d’une vingtaine de places qui s’était stationné devant la porte. Nous n’oubliâmes pas de saluer la petite serveuse avant de nous installer dans le fond du véhicule. Les voyageurs montaient au différents arrêts et les derniers s’assirent sur des minis tabourets de plastiques dans l’allée centrale. Mon voisin de droite, mieux installé, en profita pour piquer un roupillon sur mon épaule. Il semblait paisible et nous vivions en parfaite harmonie depuis quelques minutes, jusqu’à ce qu’un cahot vint ruiner notre avenir. Sous la secousse due à un nid de poule, sa pommette vint percuter violemment mon acromion, et du même coup notre divorce fut prononcé.
Deux taxis nous barraient la route et l’autobus s’arrêta à leur hauteur. Le chauffeur du bus nous fit signe de monter dans la voiture qui rejoignait Jiuhuashan en m’indiquant par des gestes, que je compris parfaitement, qu’il ne fallait pas payer le second transporteur. Nous étions les seuls à nous rendre à Jiuhuashan car l’autre voiture, où avaient pris place quatre autres voyageurs, changea de direction.
Notre nouveau chauffeur voulait absolument nous déposer dans un restaurant avant de rentrer sur le site bouddhique, mais nous ne marchâmes pas dans sa combine et insistâmes pour qu’il nous déposât aux guichet du site, ce qu’il fit.
Nous passâmes la barrière de péage, beaucoup moins onéreuse que celle de Huangshan, et entrâmes sur le site, au pied de la montagne. Compris dans le prix du billet, un autobus nous emmena, jusqu’au village. « Vous descendez au premier arrêt, près du temple jaune ! » M’avait indiqué Laetitia de Hefei, avec qui j’avais conversé sur CouchSurfing. En effet ma correspondante m’avait donné l’adresse d’un monastère de bonzesses où l’on pouvait séjourner, je trouvais que c’était une bonne expérience et une façon de rencontrer les autochtones ; aussi, j’avais choisi Jiuhuashan comme l’une des escales de notre parcours chinois pour cette raison. Les indications de Laetitia était parfaites et nous trouvâmes l‘endroit sans difficulté. En haut d’une centaine de marches, deux splendides bâtiments s’offrait à nos yeux, l’un, face à nous, renfermait le temple et les chambres des moniales, et l’autre, perpendiculaire au premier, contenait les dortoirs des voyageurs, la salle à manger et les autres pièces de service.
Dans le temple, une dizaine de nones de tous âges s’affairaient à la préparation d’une cérémonie, elles disposaient des fruits de toutes sortes dans des plats métalliques et s’évertuaient à rendre leur présentation esthétique et harmonieuse. Elles avaient toutes la même coiffure que moi. Celle qui semblait leur chef vint vers nous, nous fit signe de poser nos sacs et nous demanda en anglais d’où nous venions, si nous voulions séjourner au monastère et combien de nuitées nous resterions. Ne voulant pas abuser de leur hospitalité nous nous accordâmes pour deux nuits. Elle nous indiqua qu’elle avait visité Paris en deux mille deux, puis elle nous proposa de saluer le grand bouddha doré, maître des lieux qui nous observait depuis notre arrivée. Elle nous montra comment procéder, et nous l’imitâmes, c’était une façon de rentrer dans leur univers, dans leur réalité en quelque sorte. Ayant fait montre de notre respect, la moniale nous accompagna jusqu’à l’autre bâtiment, elle nous annonça que le lendemain leur cérémonie commençait à quatre heure. Elle demanda à « l’homme à tout faire » qui venait à notre rencontre de nous montrer notre chambre et de nous amener de l’eau, ensuite elle retourna s’affairer au temple.
Nous avions pour nous trois, une chambre à quatre lits, une salle d’eau avec douche et WC et un ventilateur en guise de climatisation, c’était beaucoup plus confortable que je ne l’avais imaginé. Une fois installé nous descendîmes au village avant le dîner.
À suivre...



samedi 13 février 2010

dimanche 7 février 2010

13) Carnet de voyage. Un escalier pour Hangshan (黄山 huángshān )




Huangshan en dehors des sentiers battus.

Nous voulions parcourir la montagne, et nous trouvâmes une conductrice qui nous proposa de nous emmener au départ de la randonnée avec sa fourgonnette, moyennant finances bien sûr. Elle nous conduisit pendant une vingtaine de kilomètres avant de nous déposer près du guichet qui permettait d’accéder au site et disparut aussitôt. A la maigreur du prix d'entrée nous comprîmes que nous n’étions pas au bon endroit, et en regardant la carte nous vîmes que nous étions beaucoup plus bas que prévu pour l’ascension et que la journée ne suffirait pas car il était déjà dix heures ; mais peu importait, nous étions capables de nous adapter. Les contremarches et les girons des escaliers* que nous gravitions étaient irréguliers et nous montions sans penser au nombre de marches qu’il nous restait. Nous montâmes pendant quatre heures, abrités le plus souvent par une forêt de conifères et de bambous, nos efforts étaient soutenus par le chant des cigales. Les autres promeneurs que nous avions côtoyés en entrant sur le site, étaient restés en bas près de la rivière, nous restâmes seuls longtemps. A mi-chemin, nous rencontrâmes un gardien dans sa cahute qui voulait nous faire payer un autre billet mais qui se ravisa lorsqu’il vu nos sésames. Il venait là chaque jour et ne voyait pas grand monde mis à part quelques ouvriers que nous croisâmes aussi et qui enterraient des canalisations d’eau. Nous retrouvâmes la route bitumée, la civilisation, et une boutique ou nous pûmes boire frais. Le site touristique de Huangshan s’offrait à nous, nous étions déjà fatigué de notre montée, pour ma part je me sentais un peu malade, et il restait encore au moins huit kilomètres de montée. Nous demandâmes le prix d’entrée avec le téléphérique, la caissière nous afficha le total : neuf cent trente yuans* (93€), c’était sans doute ce qu’on appelait « le coup de bambou chinois."» Après réflexion, nous déclinâmes l’invitation. Je comprenais pourquoi de nombreux chinois n’avaient pas encore visité Huangshan. Nous redescendîmes nos six kilomètres assez rapidement. Près de la sortie, nous liâmes connaissance avec des porteurs qui jouaient aux cartes. Le plus amusant c’est qu’un deux-de-cœur était retourné sur la table, indiquant l’atout probablement, la même carte, le même deux-de-cœur que j’avais trouvé dans la montagne deux heures plus tôt. Nous nous arrêtâmes le temps de griller une cigarette avec les joueurs avec qui nous passâmes un agréable moment. Il fallait maintenant retourné à l’hôtel, or l’endroit était désert et la nuit allait tomber. Nous nous adressâmes à une femme qui se trouvait là et qui appela une fourgonnette du même type que celle qui nous avait amenés. Cette fois c’était un homme qui conduisait, lorsque nous lui suggérâmes le tarif de l’aller il fut d’accord immédiatement. C’était un énervé du klaxon, il utilisait son avertisseur sans arrêt ; il nous emmena devant un restaurant par un sens interdit. « Nous ne voulons pas manger, nous voulons aller à Tangkou ! » Insistait Thomas lorsque le restaurateur pointa son nez. Notre conducteur fit donc un demi-tour catastrophique, ce n’était pas facile de tourner le volant tout en klaxonnant, d’autant plus que des voitures arrivaient dans le bon sens surpris de sa manœuvre. Nous n'avions pas fait plus de cinq cents mètres avec lui quand il nous déposa sur la grande route et nous fit signe de monter dans un autre véhicule. Le nouveau chauffeur était beaucoup plus calme et beaucoup plus sympa, il fut ravi lorsque nous lui indiquâmes la somme que nous allions lui donner. Tout s’éclaira à notre arrivée car le trajet était très court, cinq kilomètres, pas plus. La conductrice de l’aller nous avait bien eus, elle avait fait un détour…
Cette fois j’avais de la fièvre et je me couchais tôt.

*Dans les montagnes, les Chinois ont fabriqué des escaliers pour aller au ciel, ce qui permet de monter des pentes plus abruptes en moins de temps mais cela demande beaucoup plus d’efforts.

*Lonely planète indiquait l'entrée à 200 kais + 40 de téléphérique par personne alors que le tarif réel était de 230 kais +80 pour les télécabines.




2 de cœur