lundi 25 janvier 2010

12) Carnet de voyage. Aux pieds des Montagnes jaunes


À la gare routière de l’ouest dans la ville de Hangzhou, nous prîmes nos billets pour « Huangshan City » où j’avais réservé une chambre, c’était le terminus indiqué par un panneau à la porte d’embarquement. Au bout d’une heure et demi l’autocar s’arrêta pour une pose-pipi dans une station service ; les uns fumaient pendant que les autres urinaient et nous accompagnâmes les uns et les autres. Le car stoppa plus loin sur la bande d’arrêt d’urgence et quelques voyageurs descendirent pour rejoindre à pied le village tout proche, c’était donc bien une pratique courante*. Au bout de trois heures, nous traversâmes une grande ville que j’identifiai comme Huangshan, et lorsque nous sortîmes de l’agglomération je crus m’être trompé. A ce moment Thomas me dit : « Je suis sûr que c’est Huangshan que nous venons de traverser ! » Ce que l’accompagnatrice et contrôleuse de l’autocar confirma… L’arrêt suivant se trouvait à Tangkou, au pied des montagnes jaunes que nous voulions sillonner ; nous stoppâmes dans cette petite ville. Clément pu annuler la réservation de l'auberge à Huangshan par téléphone. Le bus s’était immobilisé devant un hôtel-restaurant que la contrôleuse nous conseilla. Deux autres jeunes français, qui étaient descendus avec nous, avaient réservé une chambre pour la somme de cinq cent kais (50 €) mais dans un autre établissement. Les réceptionnistes du Tangkou-Hotel nous proposèrent la chambre de trois lits à deux cents kais (20 €), l’immeuble était neuf cossu, tout en marbre blanc, et lorsque nous visitâmes la chambre avec sa salle de bain, côté jardin, nous fumes agréablement surpris par son luxe. Nous demandâmes à y rester deux nuits ; je m’aperçus plus tard que cette chambre était affichée à 680 kais (68 €) nous n’en espérions pas tant. Le personnel décontracté, n’en était pas moins prévenant et efficace. Une jeune serveuse, qui venait de commencer dans cet établissement, et qui parlait quelques mots d’anglais jouait l’interface entre le monde de l’hôtel et nous. Elle était vraiment douce, croquignolette, adorable : un ange ! Il suffisait que nous la regardions pour qu’elle accourût.

La petite serveuse chinoise

L’après–midi alors que nous collationnions au rez-de-chaussée, Mr Hu nous rendit visite. C’était l’une des deux personnalités (avec Mr Cheng) cité dans le Lonely-Planete ; il donnait de bons conseils, d’après le guide. D’un abord sympathique, il était devenu une sommité grâce à son anglais : un débrouillard, il avait monté son restaurant et proposait toutes sortes de services aux touristes. Mr Hu était tenu au courant dès qu’un occidental foulait le sol de la petite ville. Il nous laissa sa carte mais nous ne le revîmes pas.
Pendant que nous dînions, une vendeuse ambulante, de l’autre coté de la vitre, agitait ses boites de thé de différentes couleurs, elle nous avait repérés. Au départ, je ne la regardais pas vraiment mais lorsque je fus attentif, je constatai qu'elle dégageait une sorte d'énergie positive : elle rayonnait ! La vendeuse quinquagénaire insistait et je pouvais lire sur ses lèvres : « please, please, please... » Lorsque je parlai de ce que je percevais de cette femme à mes fils, ils affirmèrent ressentir cette bonté intérieure ; nous partagions donc cette réalité. Je fis signe en tournant la main au-dessus de la tête et en pointant mon assiette, que nous allions la rejoindre après le repas ; elle s'éloigna. Nous sortîmes du restaurant et nous dirigeâmes dans la direction où la besogneuse avait disparu et nous la retrouvâmes avec trois de ses consœurs qui vendaient les mêmes thés. Elles crûrent toutes à leur bonne étoile mais nous n'avions d'yeux que pour celle qui nous avait attirés. Lorsque nous lui eûmes acheté les feuilles lancéolées, Thomas avait choisi un thé noir du Yunnan (les Chinois le nomme thé rouge), je lui demandai la permission de briguer son portrait. Elle s'enfuit en riant, sa grosse sacoche de boites de thé sur le dos, et quand je m'approchais, elle s'éloignait davantage. Les autres femmes ne comprenaient pas pourquoi je voulais la photographier, l'une d'elles me montrait son auriculaire et je comprenais qu'elle la trouvait trop maigre, aussi Thomas me traduisait que cette dernière, jalouse probablement, disait que sa collègue n’était pas belle. Au contraire moi, je la trouvais éclatante, mais je n'insistai pas, ne me sentant pas l’âme paparazzi et voyant que je n’obtiendrais pas une portraiture à son image.
Clément et Thomas rêvaient de se faire masser les pieds depuis quelques jours et il profitèrent de cette escale pour réaliser leurs souhaits. Il était vrai que nous vadrouillions beaucoup depuis notre arrivée dans l’Empire du milieu et que les guibolles déroullaient. Pendant qu’ils se faisait choyer, moi qui n’aimais pas me faire tripoter (par n’importe qui), je demandai à la réception de l’hôtel l’adresse d’un cybercafé. On m’envoya la petite serveuse chinoise qui m’accompagna jusqu'à la boutique quelques rues plus loin. Mon accompagnatrice prit plaisir à taper l’identifiant et le mot de passe, qu’on venait de me donner, sur le clavier qwerty. Puis ravie de sa prestation, elle retourna vaquer à ses occupations hôtelières pendant que je faisais route dans la toile jusqu’à ma boite e-mail, fier d’avoir eu un guide aussi charmant.
En attendant le retour des fistons, je déambulais dans la rue principale à la découverte des gens et à la recherche de curiosités. Je rencontrai notamment un camionneur souriant et une madone profane. Je croisai une dernière fois la vendeuse de thé et nous sourîmes quelques instants ensemble, c'est l'image que je garderai d'elle. Je rentrai à l’hôtel, rechargé pour le lendemain.

* voir le trajet Suzhou-Hangzhou

Le camionneur


La madone profane



lundi 18 janvier 2010

vendredi 15 janvier 2010

Hangzhou : Temple Lingyin (灵隐寺, Língyǐnsì)





Au temple Lingyin, on vient prier depuis près de 1700 ans.


dimanche 10 janvier 2010

11) Carnet de voyage. Hangzhou historique


Le couple qui tenait l’auberge était chaleureux et bienveillant, nous nous sentions les bienvenues. Leurs deux collets me faisaient la fête, ressentant que j’aimais les chiens, comme je ressentais les interrogations métaphysiques de notre hôtesse qui me fixait par moment comme-ci j’allais lui apporter une réponse ou un élément d’explication. De mon côté, j’aurais aimé savoir ce qui nous avait amenés près d’elle ; elle me rappelait Jane Birkin, par sa voix douce, ce qui me faisait l’apprécier encore davantage.
Le premier soir, nous dînâmes dans une gargote où nous préférâmes le poisson du lac, plein d’arêtes, aux têtes de serpents et à l’écureuil qui figuraient au menu. J’aimai assez les légumes insipides qui accompagnait les gardons, bien que je ne les connusse pas.
Le lendemain en fin d’après midi, après avoir flâné le long du lac, non-loin de l’auberge, et après un déjeuner dans un restaurant coréen, nous visitâmes La rue de Hefang, au centre-ville. Bien que fort touristique, elle nous intéressa par ses expositions d’art et d’artisanat locaux typiques ; et c’est dans cette voie que je trouvai, pour la première fois, le Bouddha rieur, qui donne la pêche. À pied, nous rejoignîmes la Pagode Leifeng (雷峰塔; Léi Fēng Tǎ )* qui était distante de deux kilomètres, et nous n’écoutâmes pas les riverains qui préconisaient de prendre un taxi pour nous y rendre * . Sur le chemin, la nuit était tombé et nous croisâmes, alors que nous faisions quelques photos face à la pagode, près du lac de l’ouest, un couple charmant. Elle et lui n’avaient, semblait-il, jamais approché d’occidentaux de si près (quant à nous, nous avions déjà vu des milliers de Chinois) et nous nous sentions bien ensemble ; ils posèrent mille questions à Thomas, avant de partir à regrets. Nous avions traînassé et nous visitâmes la pagode rapidement avant qu’elle ne fermât, mais j’eus le temps d’apprécier la finesse de ses sculptures murales.
Nous nous étions aperçus que pour trois personnes, la somme dépensée en taxi équivalait au tarif en bus (parce qu’il fallait que nous prissions deux tickets chacun pour rejoindre le centre) c’était donc devenu notre transport privilégié, il suffisait juste que Thomas donnât la destination au chauffeur de taxi.
Un autre jour, nous allâmes au temple Lingyin (灵隐寺, Língyǐnsì)*, l'un des plus grands ensembles de temples en Chine, construit en 326, nous nous régalâmes toute la sainte journée, l’endroit était magique malgré le monde. Le soir nous retournâmes à 4-Eyes-Hostel prendre un pot, en chemin nous rencontrâmes un jeune italien qui revenait de Qindao, il nous en fit l’éloge au point que nous décidâmes de changer notre itinéraire avant de rejoindre la capitale du Nord. Nous passâmes un bon moment autour du billard avec un couple chinois.
Après trois nuits à Hangzhou nous rejoignîmes la gare routière pour Huangshan.

*Quand on a les moyens, on ne marche pas en Chine.


* La Pagode Leifeng (雷峰塔; Léi Fēng Tǎ ) a été construite par Qian Liu entre 852 et 932, elle s’est écroulée en 1924 et a été reconstruite de façon moderne de 2000 à 2002.
* Le temple Lingyin et son Monastère de la Retraite de l’âme est l'un des plus grands ensembles de temples en Chine. Il fût construit vers l’an 326 après JC par le moine indien Hui Li, il est reconnu comme l'un des dix temples zen les plus importants de Chine.