dimanche 20 décembre 2009

9) Carnet de voyage. Les vedettes à Suzhou



Ne devient pas Chinois, qui veut !


L’auberge était un peu moins luxueuse qu’à Shanghai mais restait très correcte, moins chère et son cadre était plus typique, il offrait des chambres simples et propres. Une terrasse proposait l’hospitalité aux fumeurs et aux buveurs de bière (ou de cola,) c’était le lieu le plus adapté à la rencontre entre voyageurs. Un soir nous y rencontrâmes deux Flamands, père et fils qui pérégrinaient ensemble. Ils avaient découvert l’après-midi même un paradis, un bar qui servait des bières belges. Nous discutâmes deux ou trois heures sur différents sujets et nous parlâmes notamment du président des Français et de son épouse qui faisaient bien rire nos deux amis mais aussi le peuple belge tout entier, Wallons compris. Le réfrigérateur de l’auberge était hors-service ce qui nous permettait d’aller sans vergogne acheter les boissons chez l’épicier d’en face qui n’en espérait pas tant. Un chinois très efféminé, sorti tout droit d’une pièce de Wu Han, se tenait assis face à moi. Il ne voulait semble-t-il pas rencontrer mon regard, mais lorsque j'étais tourné vers la Belgique, il n’hésita pas à me canarder avec le flash de son appareil-photo, puis fit semblant de rien lorsque je me retournai vers lui.
Un après-midi, je croisai une jeune Anglaise, sympathique au point de s’abaisser à mon niveau d’anglais. Elle m’expliqua qu’elle prenait l’avion le lendemain pour Sanya dans le Hainan, elle en rêvait depuis longtemps… J'avais prévu cette île dans notre parcours mais faute de temps nous allions l'éviter.
Nous trouvâmes un restaurant tout près qui servait une succulente soupe de nouilles au bœuf. Suzhou semblait sympathique, elle ressemblait à Shanghai par sa population. Elle était connue pour ses nombreux jardins classiques (patrimoine de l’humanité) et nous visitâmes le jardin du maître des filets 苏州网狮园 qui est dit-on l’un des plus beaux de la ville, c’est le critère que nous avions choisi car nous n’avions pas l’intention de tous les parcourir. Nous ne le regrettions pas et passions un après-midi dans un cadre agréable.
Un soir, à la terrasse d’un bistroquet, nous rencontrâmes un Canadien et un Anglais accompagnés de ravissantes autochtones, ils accueillirent Clément pour une brève partie de cartes. Un autre soir alors que Clément fiévreux était couché, et alors que nous nous promenions Thomas et moi à la recherche d’un resto, nous fûmes les vedettes d’une photographe chinoise qui n’arrêtait pas de nous mitrailler avec son Nikon dernier-modèle.
Durant notre visite de la Venise chinoise, nous avions toujours soif de découvertes et nous profitions du plaisir de tout ce qui se présentaient à nos yeux pour nourrir notre curiosité, comme des nouveau-nés. Nous n'avions pas tout vu de la ville c'était certain, mais peu importait.
J’avais échangé quelques mails avec Géraldine*, une Chinoise de Suzhou que j’avais trouvé amicale sur CouchSurfing et qui résidait à Paris, à ce moment là. Elle m’avait proposé de nous faire visiter sa ville natale si elle s’y trouvait en juillet, c’était le cas, ça tombait bien. Nous achetâmes une puce chinoise que pouvait lire le portable de Clément pour téléphoner à notre guide car elle m’avait laissé son numéro. Lorsque je l’appelai, notre dernier soir à Suzhou, je fus surpris, j’avais l’impression de parler à une Française, tant sa diction était parfaite. Elle prétendit qu’elle sortait avec ses collègues de travail et refusa de nous rencontrer ce soir là, il faut dire que les Chinois sont des couche-tôt. Nous n’avions pas l’intention de poursuivre notre séjour, Hangzhou nous appelait, et à regrets nous ne prîmes pas d’autre rendez-vous. Le lendemain Géraldine nous envoya un SMS dans lequel elle nous souhaitait bonne route.
Le lendemain justement, nous pensions partir pour la capitale de la dynastie Song*, par le grand canal Beijing-Hangzhou en bateau, c’est ce que nous avions lu dans un guide, or lorsque nous parvînmes à l’embarcadère, le guichetier nous apprit que la ligne avait été interrompu l’année précédente. J’avais réservé une auberge pour le jour suivant pensant que nous dormirions sur le rafiot. Il ne restait plus qu’à prendre l’autobus à la gare du sud pour atteindre Hangzhou, ce que nous fîmes dans la foulée.

* Les Chinois aiment se donner des prénoms anglais, ils disent que les occidentaux n’arrivent pas à retenir leurs prénoms de naissance.

*La dynasty Song, qui n'a rien à voir avec la musique, a contrôlé l'Empire du milieu de 960 à 1279.

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