samedi 3 avril 2010

16) Carnet de voyage. La nuit de la lune

L'éclipse totale de soleil, la plus longue du siècle, était prévue vers huit heures trente à Jiuhuashan. Nous descendîmes peu avant au village d'où nous allions observer le phénomène du à l'alignement de la terre, de la lune et du soleil. Je croyais que des vendeurs à la sauvette, opportunistes comme partout en Chine, allaient proposer des lunettes pour l'occasion, je n' en vis point. Avaient-ils été pris de court, bien qu'ils eussent eu un saros* pour y penser ? C'est là que je m'aperçus qu'à Jiuhuashan ils n'y avait pas de profanes démunis en tout cas pas de très pauvres. J'expliquais cela par la petite grandeur du village, les misérables séculiers et les petits marchands ambulants préféraient sans doute les mégapoles illuminées, ou la grande muraille, car en ces points (et sur cette ligne) les touristes s'agglutinaient davantage. Un moine sur notre passage, avait fumé un verre à la bougie et nous invita à tester ce filtre rudimentaire mais efficace : la lune commençait à ronger l'astre du jour par le dessus, or des nuages s'invitaient à l'évènement et voulaient semble t-il gâcher la fête. Nous nous déplaçâmes vers la place principale du village où des profanes amusés, des bouddhistes heureux et des bonzes joyeux attendaient la nuit de la lune. L'un des religieux avait bricolé un système pour tamiser la lumière sur son réflex et était heureux de nous le présenter. Nous étions entourés de gens charmants principalement des bonzes. Les nuages peu sympathiques s'amoncelaient entre nous et les deux principaux acteurs que nous ne voyions plus. Cependant, les astronomes l'avaient prédit, la magie crépusculaire opéra en ce milieu de matinée... jusqu'à la nuit noire. Les cigales n'arrêtèrent pas pour autant leur rengaine, ce n'était pas la fin du monde visiblement car l'aube et les premières lueurs réapparurent ravivant les couleurs orangées de la volée de moines.
Pendant cette mini nuit, qui dura tout de même plus de cinq minutes, je me souvins que c'était l'anniversaire d'une amie, ce vingt-deux juillet, et je retournais la rejoindre par la pensée. Ce n'était pas plus extraordinaire qu'une éclipse totale de soleil. Puisqu'il était deux heures et demi du matin en France, elle était tombée probablement dans les bras de Morphée, (mais cela ne me regardait pas.) Bercée par la musique d'un concert impromptu, je l'imaginais souriante, ravie de mes vœux. Peut-être reçut-elle mon message dans son rêve ?
Le jour se leva pour la seconde fois ce jour là, je revins immédiatement en Chine et nous nous dirigeâmes à pied vers la montagne.
... /...

* Saros : (source : www.cnrtl.fr)
Période de dix-huit ans et dix ou onze jours (6 585 jours) appelée période chaldéenne, délimitée par un cycle de quarante trois éclipses de lune et de quarante trois éclipses de soleil en moyenne, et permettant de prédire le retour des éclipses.

Voir l'éclipse

1 commentaire:

  1. Effectivement pas loin de l'impromptu mais profondément endormie, j'aurais pourtant bien aimé voir ça de mes yeux vu la lune éclipsant le soleil!

    Bizz philou et merci!

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